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L'isolation des bâtiments, un rempart contre la pénurie d'électricité en hiver
L'isolation des bâtiments, un rempart contre la pénurie d'électricité en hiver

24 Heures

time17-07-2025

  • Business
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L'isolation des bâtiments, un rempart contre la pénurie d'électricité en hiver

L'isolation thermique pourrait prévenir la pénurie d'électricité en hiver. Mais les experts s'inquiètent des plans du Conseil fédéral, qui prennent le chemin inverse. Publié aujourd'hui à 20h21 Cet hôtel de Zermatt a été totalement rénové en 2019 grâce au soutien du Programme bâtiments. Programme bâtiments/Gerry Nitsch En bref: En Suisse, la construction de parcs éoliens et de nouvelles installations solaires ainsi que l'essor de l'énergie hydraulique suscitent de vifs débats. Albert Rösti, le ministre de l'Énergie, souhaite même autoriser la construction de nouvelles centrales nucléaires dans le contre-projet à l'initiative «Stop au black-out». Un projet de loi est attendu à Berne après les vacances d'été. Dans ce contexte, l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments peut présenter un grand potentiel. Une étude de la Haute École de Lucerne a évalué dans quelle mesure la rénovation de l'enveloppe des bâtiments pourrait contribuer à résoudre le problème de pénurie d'électricité en hiver. L'étude a été financée par Flumroc, un fabricant suisse de matériaux isolants. Le constat est clair: si tous les chauffages fossiles des bâtiments d'habitation étaient remplacés par des pompes à chaleur et que les bâtiments étaient isolés, la demande en électricité pourrait diminuer de 5,3 térawattheures (TWh) par an. Ce chiffre correspond à peu près à la quantité d'électricité qui fait défaut en hiver, soit environ 10% de la consommation annuelle d'électricité. Des coupes dans les subventions «En moyenne, l'isolation thermique permet de réduire de moitié les besoins de chaleur des bâtiments d'habitation», explique Damian Gort, directeur de Flumroc. Les pompes à chaleur doivent alors fournir «beaucoup moins de puissance pour maintenir l'intérieur chaud». Cela est particulièrement important hiver, quand les besoins en électricité pour les pompes à chaleur sont les plus élevés et que l'offre est la plus tendue. Sans travaux d'isolation supplémentaires, les pompes à chaleur consommeraient 11,5 TWh d'électricité. En isolant les logements, cette consommation tomberait à 6,2 TWh. L'étude présente ainsi une alternative à la stratégie énergétique actuelle: au lieu d'investir des milliards dans la construction de nouvelles centrales, on pourrait économiser beaucoup d'électricité en isolant mieux les bâtiments. Le tout sans contraintes dans la vie quotidienne, sans atteintes au paysage, mais avec un effet significatif sur la sécurité de l'approvisionnement. «La discussion porte presque uniquement sur la quantité d'électricité qu'il faudrait produire en plus, ajoute Damien Gort. Mais la plus facile d'accès est celle que nous n'utilisons pas.» Cet hôtel de Zermatt est chauffé avec des pellets de bois. Grâce à une bonne isolation thermique, il consomme peu d'énergie. Programme bâtiments/Gerry Nitsch Mais les décisions politiques actuelles prennent le chemin inverse. À partir de 2027, le Conseil fédéral prévoit en effet de mettre un terme au Programme bâtiments, qui accorde des subventions pour l'assainissement énergétique des bâtiments. Les conséquences de la prochaine votation populaire du 28 septembre pourraient être encore plus lourdes. Si la valeur locative était supprimée, les déductions fiscales pour les rénovations disparaîtraient également. Selon les estimations du secteur, cela représenterait près de 200 millions de francs par année qui ne seraient plus investis dans les rénovations énergétiques. La rénovation des bâtiments n'est pas toujours rentable Philippe Thalmann est professeur à L'EPFL, où il mène des recherches en économie de l'environnement, notamment dans les domaines du climat, de la construction, de l'immobilier et du logement. Sans avoir examiné en détail les données de l'étude, il estime que les résultats sont «cohérents». Selon lui, ils confirment des constats déjà bien établis: «Pour exploiter pleinement le potentiel de réduction de la consommation d'énergie et des émissions de CO 2 , il faudrait remplacer les chaudières fossiles par des pompes à chaleur.» Mais comme la consommation d'électricité augmente précisément lorsque les pompes à chaleur sont utilisées, c'est-à-dire au moment où la production électrique est la plus faible, il faut faire un choix: augmenter la production d'électricité renouvelable ou réduire la consommation en rénovant les bâtiments. «La rénovation thermique des bâtiments est coûteuse, que ce soit en termes d'argent, d'énergie, d'énergie grise ou de main-d'œuvre», souligne Philippe Thalmann. De plus, il est difficile de rentabiliser la rénovation de l'enveloppe d'un bâtiment, étant donné que la consommation d'énergie a déjà fortement baissé grâce aux pompes à chaleur. Philippe Thalmann propose donc d'instaurer des tarifs d'électricité plus élevés en hiver afin d'encourager la rénovation thermique des bâtiments. Seuls les bâtiments les plus énergivores, classés dans les catégories F ou G, présentent un intérêt économique à être rénovés. «Pour les autres, l'électricité est probablement trop bon marché pour justifier une rénovation.» Selon lui, le Programme bâtiments est l'instrument le plus adapté en la matière. Toutefois, même si les déductions fiscales pour les rénovations sont une mesure de soutien, elles restent très peu ciblées. Compte tenu des ressources nécessaires, il est légitime de se demander s'il est vraiment pertinent de rénover en profondeur l'enveloppe thermique de tous les bâtiments équipés de pompes à chaleur. Selon Philippe Thalmann, la combinaison de mesures incitatives et de contraintes serait la mesure la plus efficace, en particulier pour les bâtiments anciens: «Les propriétaires de maisons classées en catégorie G, puis dans un deuxième temps celles classées F, devraient être contraints de remplacer leur système de chauffage et de rénover l'enveloppe du bâtiment, tout en bénéficiant d'un soutien ciblé», estime-t-il. La fin d'une incitation fiscale importante Pour Marcel Hänggi, de la Fondation suisse de l'énergie, le potentiel d'économie mis en lumière par l'étude de la Haute École de Lucerne n'a rien de surprenant. «Des études précédentes menées par la Confédération estimaient déjà le potentiel d'économie entre 25 et 40% de la consommation totale d'électricité», explique-t-il. Il juge d'autant plus incompréhensible que le Conseil fédéral tienne si peu compte de la question des économies d'électricité dans sa politique énergétique actuelle. À ses yeux, les coupes prévues par le Conseil fédéral dans les subventions du Programme bâtiments sont «une violation de la loi sur la protection du climat adoptée en 2023», car le montant des aides accordées dans le cadre de ce programme est inscrit dans la loi. Marcel Hänggi estime par ailleurs que l'argument avancé par la Confédération, qui mise sur un possible effet d'aubaine, n'a pas de fondement scientifique: «Bien sûr, on peut améliorer les programmes, mais une critique aussi générale ne tient pas.» La Fondation suisse de l'énergie porte également un regard critique sur le possible changement de système en matière de valeur locative, même si elle ne s'est pas encore prononcée sur la votation à venir. «Ce serait la fin d'une incitation fiscale importante en faveur des rénovations, ce qui est une erreur du point de vue de la politique énergétique.» En effet, le taux d'assainissement des bâtiments est actuellement bien trop bas pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. «Il devrait être trois fois plus élevé pour que la Suisse respecte ses objectifs climatiques.» Plus sur la transition énergétique en Suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Cyrill Pinto est journaliste chez Tamedia à Zurich. Originaire du Valais, il est spécialisé dans le crime organisé et les questions environnementales. Plus d'infos @cyrill_pinto Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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